Le liquide de masquage ou drawing gum permet de réserver des zones de blanc sur son tableau à l’aquarelle. C’est un produit nauséabond, qui se conserve mal, et qui abîme les pinceaux. Il a tout pour plaire, n’est-ce pas ?
Pour les raisons susmentionnées, je n’en ai pas utilisé depuis plusieurs années – Mais il reste très apprécié. Quels sont ses usages, quelles sont les alternatives ? Tentons de répondre à ces questions !
forme de feutre ou de stylo. Une bonne idée, malheuruesement
les avis sur ces produits sont globalement très mauvais.
Utiliser le liquide de masquage
Façon de procéder
Sous forme liquide, le drawing gum peut toutefois être dilué avec de l’eau pour le rendre plus fluide (ne pas exagérer sur la dilution au risque de lui faire perdre ses propriétés masquantes). Cela peut être utile si vous avez du mal à l’étaler.
Je vous conseille de faire un test sur le même papier que celui de votre tableau avant d’utiliser votre drawing gum pour la première fois. Vérifiez s’il s’étale bien, laissez-le sécher, retirez-le et voyez s’il ne déchire pas le papier.
Pour l’étaler, prévoyez un pinceau synthétique de type nerveux et auquel vous ne tenez pas beaucoup. En effet, ce produit est très agressif. Quand il sèche (ce qu’il fait très rapidement), il devient extrêmement difficile à retirer des fibres.
Vous voyez cet enfant qui pleure parce qu’il a un chewing gum collé dans les cheveux ? C’est un peu pareil quand on essaie de retirer du drawing gum sec d’un pinceau.
de masquage sur un pinceau
Pour cette raison, on recommande d’enduire son pinceau de savon avant de l’enduire de liquide de masquage. Cela protègerait les poils. Personnellement, je ne trouve pas que ça les protège énormément, mais peut-être que sans ça ce serait encore pire. Nous allons voir d’autres outils pour étaler son liquide de masquage dans les prochains paragraphes.
Une fois que la zone à protéger est masquée, le pinceau doit être nettoyé immédiatement à l’eau et au savon. Le drawing gum doit sécher entièrement avant de continuer sa création, ce qui est généralement assez rapide. La plupart changent de couleur une fois secs, ils deviennent plus foncés.
Vous pouvez alors sans crainte peindre par-dessus.
Retirer le drawing gum
Cette partie du processus peut être très satisfaisante ou une véritable catastrophe si le produit utilisé était de mauvaise qualité. C’est malheureusement une possibilité. Un liquide de masquage bas de gamme ou inadapté au papier employé va déchirer ce dernier lorsque vous le retirerez.
Donc si on résume, vous avez laborieusement masqué votre zone à protéger, probablement réalisé une petite esquisse, et puis vous avez pu peindre à l’aquarelle une bonne partie du tableau… Et crac, vous déchirez tout en retirant ce fichu drawing gum. Sympa non ? Est-ce que ça sent le vécu ? Absolument. Est-ce que j’ai pleuré ? Possible. Vociféré des injures ? Assurément.
Donc, pour retirer ce merveilleux produit, d’abord je vous conseille de passer un petit papier absorbant sur les zones où la peinture a goutté, pour éviter de vous retrouver avec de vieilles traces colorées sur votre papier blanc.
Ensuite, vous pourriez utiliser vos doigts et le faire rouler doucement comme un petit boudin. Mais le problème c’est que nous avons tous du sébum sur la peau, et en procédant de cette façon, ça a tendance à graisser un peu le papier. Le mieux est d’utiliser une gomme.
C’est là qu’on vous dira qu’il faut une « gomme crêpe ». Bon, moi je n’ai pas noté de différence extraordinaire avec l’usage d’une gomme classique, mais enfin.
ne faut pas faire.
Utiliser le liquide de masquage pour isoler le sujet du fond
Une première utilisation consiste à masquer le sujet principal de notre tableau afin de pouvoir peindre le fond sans s’en préoccuper. Donc, il vous faut un outil qui permette de masquer une zone assez large : Le pinceau.
Certaines personnes utilisent aussi un pinceau à réservoir d’eau en affirmant que les fibres seraient plus lisses et raides, donc plus résistantes. C’est tout à fait possible, mais je ne le ferais pas pour un pinceau qui fonctionne bien. En revanche, si vous avez un pinceau à réservoir qui est foutu parce que bouché ou avec une fuite irréparable, ça peut être une bonne façon de l’utiliser.
Alternativement, vous pouvez utiliser un pinceau en silicone de type colour shaper. Il sera plus difficile à étaler, mais au moins vous ne risquez pas d’abîmer les poils du pinceau.
Masquer le sujet entier
C’est utile si vous pensez que le sujet peut être éclaboussé. Donc si vous voulez faire des projections sur le fond, ou utiliser vraiment beaucoup d’eau et tourner votre papier pour la faire voyager. Le sujet sera totalement protégé.
La seule chose gênante c’est que votre esquisse risque fort de partir en même temps que le drawing gum, donc inutile de passer beaucoup de temps à dessiner les moindres détails, focalisez-vous sur le contour et vous dessinerez le reste une fois le drawing gum retiré.
Masquer les contours du sujet
Vous n’avez pas besoin de tout masquer si vous prévoyez juste de faire un fond classique dans l’humide. Il vous suffira de mouiller votre fond jusqu’à la petite barrière que vous avez créée.
Vous pouvez utiliser les mêmes outils que pour masquer le sujet entier : Pinceau, pinceau à réservoir d’eau, colour shaper.
Masquer les détails
Parfois vous pourriez avoir besoin de masquer seulement quelques petites zones de détails. Selon la finesse de celles-ci, vous pouvez utiliser un pinceau, ou bien un outil plus précis : Une plume ou un objet très fin (le manche du pinceau peut servir).
Ci-dessous, les taches du Caladium ont été masquées au pinceau. Notez que le liquide a été posé par-dessus la peinture rose, ce qui a créé des petites zones roses et non pas blanches. Contrairement au graphite aui s’enlève facilement avec le drawing gum (surtout en utilisant une gomme pour le retirer) ; la peinture reste. J’ai utilisé la transparence de l’aquarelle pour créer ce dégradé du vert vers le rose.
Sur l’hippocampe ci-dessous, les lignes et les points ont été masqués à la plume.
Quelles sont les alternatives au liquide de masquage ?
Je n’ai plus la patience d’utiliser ce produit. Je pourrais le faire de façon ponctuelle, mais le fait qu’il se conserve horriblement mal m’empêche de me laisser tenter par un nouveau flacon. Si c’est pour le retrouver tout sec la prochaine fois que j’ai envie de l’utiliser, merci mais non merci. Si vous peignez à l’huile, oui, ça fait autant plaisir que de trouver son Liquin tout collé au fond du flacon.
1/ Contourner
C’est un peu plus laborieux, mais la plupart du temps, c’est faisable. Même pour un fond dans l’humide : Il suffit de mouiller autour du sujet.
En contrepartie, comme on passe un peu plus de temps à contourner le sujet, le papier peut commencer à sécher et on peut être embêté. Il faut alors savoir travailler rapidement, et ne pas hésiter à mélanger ses couleurs d’aquarelle à l’avance pour ne pas perdre de temps une fois que tout est mouillé.
2/ Utiliser de la gouache
Idéal pour les petits détails : Une gouache blanche n’a pas le même blanc que celui du papier, mais personnellement ça me convient parfaitement.
3/ Modifier le modèle
Il m’arrive parfois d’inverser les choses : Si j’ai un détail blanc sur un fond foncé, je peux préférer faire ce détail foncé sur un fond clair. Typiquement quand je peins de la végétation, au lieu de m’embêter à contourner une herbe plus claire que les autres je préfère la faire foncée.
végétation sont à la gouache.
Si vous souhaitez voir un exemple sans liquide de masquage, je vous conseille cette démonstration : Fleur d’hibiscus à l’aquarelle (petits espaces blancs simplement évités au pinceau).
