Reproduire le pelage des animaux à l’aquarelle est un véritable défi : comment rendre l’effet duveteux d’un lapin, la douceur d’un chat ou la laine bouclée d’un mouton sans alourdir son aquarelle ? La clé réside dans l’observation et l’utilisation de techniques adaptées pour jouer avec la transparence, la texture et la lumière.
Dans cet article, je vous dévoile mes astuces et méthodes pour donner vie au pelage à l’aquarelle. Grâce à mes illustrations naturalistes, nous verrons comment suggérer différentes textures et obtenir un rendu réaliste tout en gardant la légèreté propre à cette technique.
Le matériel d’aquarelle pour peindre de beaux pelages
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en matière de fournitures artistiques, le choix ne manque pas ! Je vous partage quelques uns des produits que je préfère utiliser pour peindre le pelage à l’aquarelle. Ce ne sont bien sûr que des possibilités parmi tant d’autres, et vous avez déjà peut-être tout ce qu’il vous faut dans d’autres modèles et marques.
Les pinceaux pour peindre les poils
Il existe beaucoup de façons de peindre le pelage. Dans certains cas, l’usage d’un pinceau éventail permet d’obtenir toute une ligne de fines touches en un seul geste. Il peut être utilisé pour des animaux au poil assez raide, comme les crins d’un cheval par exemple.
Pour ma part, je peins quasiment toujours mes pelages avec de simples pinceaux ronds. La clé est la précision de ceux-ci : Ils doivent être très fins, surtout pour des illustrations de petite taille.
Pour mes aquarelles naturalistes en A6, trois pinceaux minuscules m’accompagnent en permanence :
- Un pinceau à pointe ronde Kum « Memory point » 0 (le plus fin des trois)
- Un pinceau à pointe ronde Kum « Faded » 2 (un peu plus long et plus large pour de fines mèches)
- Un pinceau à pointe plate Kum « Faded » 2 (redoutable pour affiner une touche trop large).
Les couleurs du pelage à l’aquarelle
Les couleurs employées dépendent bien sûr de l’animal en question, mais certaines nuances reviennent constamment dans mes animaux :
- Buff titanium
- Terre de sienne brûlée
- Terre d’ombre brûlée
- Ocre jaune
- Bleu outremer (pour foncer)
Ma marque d’aquarelle préférée est Daniel Smith, encore plus pour les couleurs terres qui peuvent être faiblardes assez facilement chez les fabricants. Celles de Daniel Smith sont les plus intenses que je connaisse.
Les différents types de poils, et comment les peindre à l’aquarelle
Selon l’animal, et selon la race de celui-ci, les types de poils peuvent être complètement différents. Récemment je me suis lancée dans la création de plusieurs planches naturalistes à l’aquarelle, ce qui a été l’occasion d’étudier toutes sortes de pelages différents !
Peindre le pelage doux à l’aquarelle
Qui dit douceur à l’aquarelle dit peindre dans l’humide. Cette technique d’aquarelle est parfaite pour obtenir des effets soyeux à souhait !
Reste à déterminer la longueur du poil : Peignez-vous un animal à poil doux et ras, comme un petit lapin « nain de couleur », ou avez-vous besoin d’un pelage doux et long, comme celui d’un chat angora ?
La sous-couche
Je commence toujours par une esquisse, que je réalise au graphite. Ensuite je mouille la totalité de l’animal.
- Si le poil est ras, je respecte les bordures de l’esquisse, et ne mouille que l’animal.
- Si le poil est long, je vais déborder un peu de mon esquisse, sauf sur les zones de poils plus ras comme les pattes.
Je pose mes couleurs dans l’humide de façon à obtenir une version totalement floue de l’animal. J’en profite notamment pour marquer les ombres et travailler sur l’aspect tridimensionnel du sujet.
Notez qu’à ce stade, je ne peins pas les petits éléments qui ont besoin de tracés nets, comme les yeux et la truffe.
Pour les animaux à poils longs, je ne pose pas de touches de peinture trop près de la bordure de l’esquisse : Mon but est que la peinture s’étire d’elle-même jusqu’à celle-ci et la dépasse légèrement, tout en floutés. Rien de tel pour un effet soyeux !
Peindre les détails du poil doux
Un pelage très doux, ou duvet, est en réalité un pelage extrêmement fin. On ne remarque pas vraiment de poils individuels, aussi il n’est pas nécessaire d’en peindre. Si vous décidez d’en ajouter, il est important d’utiliser des pinceaux très précis, et d’en faire très peu. Pour cette étape, l’animal est bien sec. Il est important de :
- Respecter le sens et la longueur du poil.
- Utiliser différentes valeurs avec de la peinture plus ou moins diluée. Attention, pour ne pas perdre l’effet soyeux, vous devriez éviter les ombres trop contrastantes.
- Varier aussi les couleurs.
- Adoucir les poils trop larges avec un pinceau humide.
- Pour le poil long, essayez de garder beaucoup de douceur sur les contours de l’animal.
Peindre un pelage épais à l’aquarelle
Le poil épais est passionnant à représenter ! Qu’il soit court, long, raide, frisé ou ondulé, tout pelage peut être suggéré avec nos pinceaux.
Peindre la sous-couche
Cette étape est pour moi la même que lorsque le poil de mon animal est fin. Je commence par le mouiller, en débordant de l’esquisse si son pelage est long et dépasse de son corps.
Attention : Dans le cas du poil long et fin, il « déborde » souvent sur le haut du corps et sur les côtés. Mais lorsqu’il s’agit d’un pelage long et épais, il est plus lourd. Il aura beaucoup plus tendance à déborder sous le corps de l’animal, emporté par son poids.
Si les contours flous sont les bienvenus pour le pelage doux, dans le cas d’un animal doté d’une épaisse toison, souvent les contours gagneront à être plus définis. Cela accentue le poids du sujet.
Peindre les détails du pelage épais à l’aquarelle
Nous avons notre sous-couche, une bonne base pour venir travailler les effets de texture. A présent, nous allons détailler le poil, et cette étape sera souvent beaucoup plus aboutie que dans le cas d’une fourrure soyeuse.
Technique 1 : Les fusions
Cette technique est géniale pour l’effet laineux d’une toison de mouton. On pose plein de petites touches de couleurs sur la sous-couche bien sèche, on rince son pinceau, et on vient poser de petites gouttes d’eau claire entre les taches. L’eau doit être en contact avec plusieurs taches de peinture, et celles-ci doivent être encore mouillées ou humide. Les gouttes d’eau forment en quelques sortes de petits ponts entre les couleurs.
On prendra soin de laisser de petits éclats secs, essentiels pour le relief. Et on n’oublie pas les petites bosses sur les contours du sujet pour matérialiser les bouclettes.
Technique 2 : Les tracés
Si le pelage long ne laisse voir aucun détail lorsqu’il est soyeux, il n’en est pas de même pour le poil épais. Les fibres se regroupent en mèches, plus ou moins épaisses.
La tentation est grande de tracer une multitude de traits et de les laisser sécher, mais attention :
- Trop de tracés nets font perdre en réalisme. Adoucissez souvent au pinceau humide, soit le tracé complet, soit un seul côté du tracé.
- Si la couleur de ces séparations est trop contrastante, l’effet peut être très artificiel. Pensez à diluer en fonction de la base de l’animal, claire ou foncée.
- Observez soigneusement le modèle : Si le poil est raide, ondulé, les touches ne seront pas les mêmes.
Et voilà pour cet article ! J’ai encore quelques astuces à partager pour peindre de beaux effets de poils à l’aquarelle, mais je garde ça un prochain article car celui-ci est bien assez dodu comme ça 😅
